Yunus Emre Öncü (à droite) et Martin Hoegger (l'autre conférencier)
Par Yunus Emre Öncü
Yunus Emre Öncü est né dans le Jura, a étudié à Lyon puis la théologie à Istanbul. Il travaille avec les enfants et les jeunes pour leur transmettre des valeurs et les aider à s’épanouir professionnellement, spirituellement et en tant que citoyens. Il a donné cette réflexion dans le cadre de la rencontre de « Musulmans et chrétiens en chemin » sur le thème « Proche de Dieu, proche des hommes. La fraternité, un style de vie », à la maison de l’Arzillier, le 2 novembre 2025
Pour moi, rien n’est plus important dans l’univers que la proximité : c’est elle qui donne sens à toute chose. Sans elle, même la beauté du monde devient vide ; avec elle, les souffrances et les épreuves se transforment en lumière.
Les sages disent : « Qu’a pu perdre celui qui a trouvé Dieu, et qu’a pu trouver celui qui L’a perdu ? » Celui qui a trouvé Dieu, même enfermé dans une cellule obscure, demeure comblé, alors que celui qui est loin de Lui reste malheureux, même dans l’abondance.
Toute la quête de l’être humain réside dans cette recherche de Dieu. Chacun est invité à se demander : Où suis-je par rapport à Dieu ? Quelle est ma vie spirituelle ?
Cette interrogation me conduit à chercher les chemins qui mènent à la proximité divine. Mais celle-ci n’est pas physique : elle est spirituelle. Dieu est partout, Il voit tout, Il sait tout. Il n’y a pas de distance entre Lui et nous, seulement une relation de présence intérieure, d’amour et de connaissance.
Les signes de la présence de Dieu
La création tout entière manifeste cette présence divine.
Dans le soleil et la Terre, on observe une précision parfaite : le soleil éclaire sans faillir et la Terre tourne inlassablement, maintenant l’équilibre de la vie. Si ce mouvement s’arrêtait, tout serait détruit.
Le cycle de l’eau, qui se répète depuis des milliards d’années — évaporation, pluie, rivières —, montre aussi la fidélité de Dieu à soutenir la vie.
Le corps humain est un autre signe de cette présence : le cœur bat, les poumons respirent, les cellules se renouvellent sans que nous y pensions. Cet équilibre subtil révèle une dépendance totale envers un Créateur qui maintient la vie à chaque instant.
La nature et les animaux obéissent, eux aussi, à une harmonie invisible : les abeilles trouvent le nectar, les oiseaux migrent, les plantes fleurissent au moment juste. Cette perfection témoigne d’une intelligence divine qui veille sur la création.
Sans cette présence constante, tout s’effondrerait aussitôt.
Les chemins de la proximité
Le Coran parle clairement de cette proximité. « Nous avons certes créé l’homme, et Nous savons ce que son âme lui suggère, car Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » « Il est avec vous où que vous soyez. »
Ces versets expriment que Dieu connaît nos pensées, nos sentiments et nos intentions. Il est intimement présent dans nos vies, bien au-delà de toute forme matérielle.
Selon l’islam, Dieu nous appelle à nous rapprocher de Lui à travers les obligations prescrites.
La première est la chahada, la profession de foi : reconnaître que Dieu est unique et que ses messagers ont été envoyés pour guider l’humanité. C’est la reconnaissance première de sa présence.
Vient ensuite la prière (salât), qui apprend à l’être humain à s’orienter vers Dieu. Elle est un acte d’humilité et de louange.
Voici les gestes de la prière : la position debout en signe de respect, la récitation de la Fatiha qui loue Dieu et demande Sa guidance, l’inclination et la prosternation qui expriment la reconnaissance et la soumission.
Dans la prosternation, l’homme se met « à zéro » devant Dieu : il reconnaît qu’il Lui doit tout et qu’il n’est rien sans Lui.
Les bienfaits de Dieu
Les bienfaits de Dieu sont innombrables.
J’aimerais en citer un exemple simple : l’orange et la pomme. L’orange, avec ses quartiers parfumés, sa texture adaptée à la bouche et ses vertus nutritives, semble faite pour l’homme. La pomme, croquable sans éclabousser, montre elle aussi une intention bienveillante.
Ces fruits ne sont pas le fruit du hasard : ils manifestent la sagesse d’un Créateur attentif.
De même, le corps humain, avec ses milliards de cellules et son réseau de veines long de plusieurs fois le tour de la Terre, révèle une création d’une intelligence et d’une précision infinies.
Comment vivre la proximité avec Dieu ?
Au-delà des obligations, l’islam invite à d’autres actes de proximité : les prières surérogatoires et le jeûne volontaire. Le Prophète Muhammad jeûnait les lundis, les jeudis et les jours du milieu du mois.
La prière du matin (duhâ), accomplie après le lever du soleil, sert à remercier Dieu pour les articulations du corps : sans elles, les gestes les plus simples seraient impossibles.
Mais plus encore, l’islam valorise la réflexion spirituelle (tafakkur). Méditer sur la création, contempler la sagesse de Dieu dans le monde, peut avoir plus de valeur que la prière elle-même. Réfléchir, c’est reconnaître la grandeur de Dieu à travers tout ce qui existe.
Enfin, la « bonne moralité » est au cœur de la proximité divine.
La prière relie l’homme à Dieu, mais la moralité le relie à ses semblables — et cette relation passe avant les rites.
Le Prophète Muhammad a dit : « Rien n’est plus lourd dans la balance du croyant que la bonne moralité. » « Le croyant atteint, par sa bonne conduite, le degré de celui qui jeûne le jour et prie la nuit. »
La bonne moralité, c’est faire le bien naturellement, être doux, patient, indulgent et bienveillant.
Le Prophète a donné l’exemple : il se leva devant le cercueil d’un Juif en disant : « N’était-ce pas un être humain ? », interdit de tromper un animal et montra de la tendresse envers ses petits-enfants.
Conclusion
Tout, dans l’univers et dans l’être humain, parle de la présence et de la proximité de Dieu.
Cette proximité n’est pas une question d’espace, mais de cœur.
Celui qui cherche Dieu sincèrement Le trouve partout : dans la prière, la gratitude, la réflexion, la bienveillance et la bonne moralité.
Vivre cette proximité, c’est entrer dans la lumière de Dieu, où tout prend sens et devient plénitude.
Lire ici l'article résumant les diverses conférences et témoignages de cette rencontre.
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